Dans le cadre de la journée d’Étude "La Ville : pouvoirs, marges, exils", Delphine Sangu propose une réflexion autour d’une autobiographie datant du XVIIe siècle: Historia de la Monja Alférez, Doña Catalina de Erauso, escrita por ella misma, en hommage au Festival du cinéma espagnol, tant ce texte s’apparente à un "biopic" en raison de l’identité et du parcours de son auteur - une jeune nonne d’origine basque, qui fuit son couvent, se travestit en homme et devient porte-drapeau de l’armée espagnole sur le continent américain, entre 1603 et 1620. Dans cette autobiographie s’opposent 2 espaces urbains : le premier, lié à l’Espagne, se matérialise à travers une succession d’espaces, clos le plus souvent - le couvent, l’église - dont Catalina de Erauso ne cesse de vouloir s’affranchir. A cette problématique, s’ajoute celle de la marge, matérialisée à travers le travestissement masculin adopté par Catalina. Le second espace est celui du continent américain que Catalina explore, toujours sous l’apparence d’un homme. Durant son périple, elle traverse une succession de villes : Panama, Carthagène, Bogotá, Cuzco, Potosí, La Paz, Valdivia, Concepción, Cochabamba, Tucumán, La Plata, etc. Contrairement à l’espace urbain espagnol, associé pour Catalina à la répression, les villes américaines sont synonymes de possibles à inventer : l’exil géographique apparaît alors comme la condition préalable à l’accomplissement de la vie voulue par Catalina, une vie en marge, hors normes, dans le cadre de la société du Siècle d’Or.