En mars 1930, Federico García Lorca part pour La Havane après un séjour d’un an aux États-Unis : épreuve vitale antérieurement très éprouvante pour l’andalou qui éprouvait le sentiment d’être déraciné et en exil dans un "Nouveau Monde" dans lequel il se sentait étranger, parce que son contexte humain autant que son espace urbain lui restaient totalement étranger. Mais expérience éminemment créatrice également pour le Poète à New York dont toute l’œuvre dénonciatrice révoltée de caractère surréaliste, à l’époque rédigée, dira dans chaque vers son dégout-rejet pour un univers "ciclopéen" jugé aussi hostile qu’inhumain, en une période d’apartheid, de lynchages et de prohibition sur fond de crise économique (1929) ; en dépit des innovations cinématographiques, musicales ou théâtrales tentatrices, alors réalisées par les avant-gardes américaines. Cette communication montrera comment, à l’inverse des précédents cauchemars éprouvés, la lecture du "Son de Negros en Cuba", seul et unique poème écrit à cette date par le grenadin sur l’île qualifiée de "Perle des Antilles", traduit entre vérité et fiction, le cheminement lorquien en forme de réappropriation, à la fois réelle et imaginaire, d’un décor naturel préalablement connu ou non, en reconstruction artistique de lui-même : tentative de déchiffrement qui permettra de mettre à jour, en reflet, le nouvel enracinement de l’être et sa restructuration à partir d’un rêve de la ville, conçu sur la base de nouvelles possibilités créatrices à caractère "magique".